Précision sur la jubilation esthétique
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Après avoir précisé dans " Approche méthod(olog)ique du talent" le sens des concepts fondamentaux utiles pour l’étude de la créativité humaine, la jubilation esthétique fondement du processus créatif est placée dans le fleuve du langage dont les alluvions, au dire de J. Lacan, constituent l’inconscient.
Difficile de parler d’une praxis
On a remédié aux difficultés d’exprimer le vécu créatif - il est difficile de marcher et se voir marcher, disent les philosophes - en faisant appel au plan défini par l’axe syntagmatique et paradigmatique du langage pour exprimer la jubilation esthétique. Cette expression du sensible pour le rendre intelligible pourrait cependant laisser croire que le processus lui-même est une théorie : c’est, en fait, une praxis figurée par la construction et le vol du cerf-volant.
- 2 cerfs-volants de combat afghan
- Exposition " 24 h en Afghanistan " - Nobel Peace Center.- 11 février 2012.- Credits JF Doucet
En présupposant que l’inconnu à découvrir, objet du processus créatif, peut être exprimé à l’aide du langage (sans l’être encore) - pour paraphraser les physiciens de l’Univers miroirs, "c’est une expédition à la limite du langage" -, il reste à replacer la jubilation esthétique dans un contexte langagier, c’est-à-dire plus "la faire comprendre" pour au moins un de ses aspects, laissant hors de la clôture logocentrique ce qui ne cesse de ne pas pouvoir se dire ( Sacré communicable par une mise en scène, subjectivité, feminité etc).
Ainsi, la jubilation esthètique peut cependant se représenter par le passage d’un grand lambda figurant la perception d’un objet imparfait à un grand alpha (A) par intervention de l’imagination, la petite barre manquante à grand lamda pour s’écrire grand alpha (A) symbolisant l’imperfection constatée et vécue comme une frustration. [1]
Immergé dans le fleuve du langage
Si l’on caractérise le monde du langage dans lequel nous sommes immergés par une organisation signifiante schématisée par :
- Clôture logocentrique
- L’environnement lococentrique peut se résumer à Dire-quelque chose-à quelqu’un-quelque part-quelques temps
cette représentation figure la clôture logocentrique des philosophes. Ainsi, chaque citoyen adulte, vivant à l’intérieur de cette clôture [2] pratique quelques opérations élémentaires.
- Logocentrisme déconstruit
- Les philosophes de la déconstruction ont mis en évidence quelques caractérisiques de ce qui peut s’exprimer en môts
Ainsi, la maîtrise du temps implique de pouvoir le différer : c’est la différance de ce qui peut être dit par transformation du penser en onde sonore [3]. Le "a" de différance, à l’image même de cette différence orthographique opère en silence hors toute prononciation. Lorsque la mise en onde du penser laisse des traces, leur effacement doit être possible : c’est la maculation des documents confidentiels autant que le brouillage plus ou moins complet des ondes sonores. La diffusion de ces dernières, aux yeux des philosophes de la déconstruction, entre dans la catégorie de la "dissémination" que les médias modernes pratiquent sur une grande échelle.
Dire quelque chose
Dire ou désigner quelque chose, c’est déjà substituer à un objet des mots du langage. Si l’imagination du locuteur intervient peu, " un chat reste un chat " pour tout interlocuteur.
- Sur l’axe syntagmatique
- En l’état, quelque chose est noté A
Mais l’objet peut être percu comme imparfait et devient objet insatisfaisant nommé (lamda)
- L’objet devient imparfait
- L’imperfection est représentée par l’absence de la barre médiane au A (ce qui s’écrit "lamda") et par un sous lignage de l’espace entre "quelque" et "chose" (écrit : quelque_chose)
Si l’imagination doit intervenir pour explorer l’inconnu et ainsi inventer au sens ancien du terme [4] c’est à dire retrouver un objet ancien ayant apporté satisfaction dont le sujet garde inconsciemment la trace, les énoncés en quête d’un objet satisfaisant ne se déroulent plus sur l’axe syntagmatique mais sur l’axe paradigmatique où le mot "chat", par exemple, entrainant avec lui sa représentation imagée ne désigne pas nécessairement un chat (Felis silvestris catus ).
- Sur l’axe paradigmatique
- L’objet insatisfaisant (quelque_chose) est vécue comme une frustration et amorce une recherche pas association sur l’axe paradigmatique
Sur l’objet, grâce au jeu du langage en particulier grâce à la chaine inconsciente qui double tout énoncé [5] , des associations laissent découvrir un objet voisin par connection à "quelque_chose", objet insatisfaisant
- de l’objet insatisfaisant à l’objet voisin
- La frustration provoquée par l’imperfection de "Quelque_chose " fait découvrir un objet voisin
Par le même procédé, de nombreux objets voisins (ou métonymiques) sont amenés à la conscience
- Prolifération d’objets voisins
- De proche en proche apparaissent à la conscience de nombreux objets voisins
La pratique de la théorie d’une praxis
Les éoliennes sont des objets voisins des moulins à vent d’autrefois :
- Moulin à vent d’autrefois
- Par la forme et la fonction, l’éolienne est un objet voisin du moulin à vent
L’éolienne se déduit du moulin à vent en substituant à la meule qui écrase le blé en farine, une turbine qui fournit de l’électricité :
- Champ d’éoliennes
- Production d’une quantité suffisante d’énergie par un champ d’éoliennes
On remarquera que ce type d’éoliennes tourne sur un axe horizontal. Par simple rotation de cet axe, un autre objet voisin apparaît, l’éolienne à axe vertical :
- Eolienne à axe vertical
- L’axe vertical a l’avantage de dispenser de "suivre la direction du vent"
A la terre ferme, sur laquelle on dissémine [6] les éoliennes, on peut substituer une étendue marine. On obtient alors les champs d’éoliennes offshore :
- Champ d’éoliennes marines
- Non loin des côtes, les éoliennes sont mues par des brises marines
Si l’on abandonne l’énergie du vent pour lui préférer la force des courants [7], forme et fonction étant égales d’ailleurs, on obtient les hydrauliennes, également objets voisins :
- Un champ d’hydrauliennes sous-marin
- L’énergie mécanique des courants marins est transformée en énergie électrique
Si l’on préfère utiliser la force de la houle, on obtient les champs de bouées sous-marines génératrices de pression (type CETO) :
- Bouée sous marine génératrice de pression
- Les bouées CETO transforment l’énergie de la houle en électricité. Elles pourraient désaliniser l’eau de mer
Pour utiliser les vents forts en altitude, le principe de l’éolienne est conservé mais une autre forme est attribuée à l’éolienne volante :
- Eolienne volante
- A fonction identique à celle de l’éolienne, une autre forme est attribuée pour utiliser l’énergie des vents en altitude © Altaeros Energies
Ces quelques exemples d’objets voisins de l’éolienne, réalisations satisfaisantes au moins pour un temps à partir d’objets existants ont pour origine, non pas la combinaison de codes informatiques circulants mais le balayage à l’aide d’associations de mots d’images mentales.
Des objets voisins aux objets comparables
Mots et représentations de mots sont intimement liés de telle sorte que les objets voisins sont également soumis aux lois du langage et de la croyance
[8]en particulier, ces objets voisins déduits de l’objet insatisfaisant doivent être désignés à autrui pour emporter son adhésion et établir une convention sur la réalité nouvelle.
- Objet voisin dans l’organisation signifiante
- Pour établir une convention sur une réalité, un objet voisin est désigné à autrui
Les 2 interlocuteurs, à défaut de percevoir une unique réalité, peuvent se mettre d’accord à l’aide du langage sur un objet voisin adéquat en comparant les objets voisins ( ou métonymiques)
- Comparaison des objets voisins
- Deux interlocuteurs se mettent d’accord en comparant les objets voisins
De cette manière, la convention passée entre au moins 2 personnes, saute le pas - on parle alors de saut épistémologique ou technologique - entre l’objet voisin et un objet comparable susceptible d’être satisfaisant.
D’objet voisin, il devient alors objet comparable.
- Objet comparable après accord
- L’objet voisin devient objet comparable après accord entre les 2 interlocuteurs
On peut alors écrire :
objet_voisin = (Lambda) = objet_comparable
- Vers l’objet comparable satisfaisant
- Par un grand nombre de passages d’objets voisins aux objets comparable, une solution au problème posé est proposée (objet comparable satisfaisant
L’objet comparable doit être ensuite approuvé comme objet satisfaisant. Il se note :
Objet comparable = A= Objet satisfaisant
En savoir plus ...
Les idées ne tombent assurément pas du ciel ! Elles auraient même tendance à y monter lorsque les objets devenant insatisfaisants, l’imagination leur substitue des variantes voisines par leur fonction ou leur forme, par exemple, jusqu’au moment où la prolifération des objets voisins insatisfaisants permet au sujet de les soumettre au tranchant du langage d’autrui (souvent appelé improprement source d’inspiration) de telle sorte qu’un consensus puisse être établi sur l’objet nouveau apparu dans la réalité (par définition différente pour chacun) et cherchant désignation .
[1] Le changement de lettre figuré dans un plan pourrait également être représenter par un lien hypertexte en lieu et place de la petite barre qui manque
[2] la clôture religieuse des monastères peut être représentée de la même manière, la limite distinguant alors le profane du sacré (dicible)
[3] Phonologie
[4] citée par M. Montrelay : Invention : se dit encore de la descouverte de certaines Reliques precieuses, et aussi de la Feste que l’Eglise célébrée en mémoire de cette descouverte. L’Invention de Sainte-Croix Dictionnaire de l’Académie Francaise 1694)
[5] Guy Rosolato, Essais sur le symbolique, Gallimard, Paris, 1979. p 348.
[6] pour utiliser un terme de J. Derrida
[7] ou marée-motrice
[8] La prise sur le "réel" n’est plus directe et immédiate comme pour l’animal, elle est indirecte, médiatisée par un système de représentation, dans un mouvement de symbolisation qui fait ce "réel" à jamais perdu pour le sujet qui n’a à sa disposition que le crédit qu’il accorde à ses représentations. Là s’origine le mécanisme de la croyance : il n’est de rapport à la réalité que de croyance. Bernard Muldworf .Le divan et le prolétaire.Messidor, Paris,1986.p 176.cfs Muldworf.
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